Les RWA

Les Rwa (sing. Nrwa, pl. Varwa), sont des agriculteurs bantous connus en Tanzanie sous le nom de Meru (Wameru). Leur langue, le ki-rwa, est actuellement en perte de vitesse au profit du swahili, langue parlée par tous dans ce pays. Les Rwa pratiquent une agriculture très intensive dans le milieu montagnard équatorial que constituent les flancs sud-est du Mont Meru (4585 m), face au Mont Kilimandjaro. C'est à partir du XVIIème siècle qu'ils s'établirent peu à peu sur cette montagne, où ils sont maintenant plus de 250 00. Du point de vue culturel et linguistique, ils sont proches d'un autre groupe beaucoup plus nombreux et beaucoup mieux connu, les Chaga du mont Kilimandjaro.

 

Comme eux, ils cultivent le café, culture de rente, ainsi que la banane et autres plantes alimentaires, surtout le maïs et le haricot. Un peu de bétail est élevé en stabulation, car la terre est insuffisante face à la densité démographique. Depuis la chute des prix du café surtout, la proximité et l'essor économique de la ville d'Arusha constituent pour eux un atout, car les Rwa peuvent y vendre leurs récoltes et leur lait, et y trouver quelques emplois.

 

Au début du XXème siècle, les Rwa vécurent la colonisation allemande et se convertirent alors au luthéranisme. La colonisation britannique prit ensuite le relais jusqu'à l'indépendance du Tanganyika en1961. Aujourd'hui, la plupart des Rwa sont luthériens et lettrés. Tandis que tous parlent le swahili, langue nationale en Tanzanie, quelques uns parlent l'anglais, seconde langue officielle du pays.

 

Cependant les Rwa ont conservé leur organisation sociale ancienne, très gérontocratique, avec des clans patrilinéaires, des groupes d'âge et une chefferie centralisée. Les clans règlent les affaires familiales et les questions d'héritage, de terres en particulier, lesquelles constituent un enjeu crucial. Le système d'âge, pour sa part, définit des groupes d'âge qui avancent ensemble dans les étapes successives de la vie. Conseillés par leurs "pères", ils sont d'abord guerriers (aujourd'hui en charge de travaux collectifs) et apprennent à respecter les diverses règles de la vie sociale. Chaque clan et chaque groupe d'âge élit ses propres chefs, à chaque niveau, ainsi qu'un chef suprême (Nshili nnini) au sommet de la pyramide. L'ensemble des chefs suprêmes de clans et de groupes d'âge forme un Comité Central de 20 à 30 hommes, présidé par le chef suprême. Ils assurent le maintien de l'ordre et le respect du droit, dont les règles sont énoncées dans un document écrit en swahili, leur Constitution (katiba).

 

L'organisation sociale des Rwa combine ainsi clans patrilinéaires, système générationnel et chefferie centralisée, dans un contexte de vie religieuse chrétienne intense et de rapides mutations sociales.

 

Une brève description

 

 

Liste des publications sur la Tanzanie

 

Quelques lectures :

 

BAROIN, C. 1998. "Introduction et culture du café chez les Rwa de Tanzanie du Nord", in : CHASTANET Monique (ed.), Plantes et paysages d'Afrique. Une histoire à explorer. Paris, Karthala & ORSTOM, pp. 529-549.

https://halshs.archives-ouvertes.fr/hal-00748666

 

BAROIN, C. 2020. "Une « Constitution » autochtone africaine, chez les Rwa du mont Meru (Tanzanie) ", Droit et Cultures 79, 2020/1, rubrique " Études", pp. 243-261.

 

BAROIN, C. 2015. "Un système d'âge dans une chefferie tanzanienne : les Rwa du mont Méru", Journal des africanistes 85 (1 & 2), pp. 218-256.
http://africanistes.revues.org/4592

 

BAROIN, C. 2018. "Justice traditionnelle ou justice étatique ? Le jeu des plaideurs chez les Rwa du mont Méru (Tanzanie)", in : AMRANI-MEKKI Soraya, DAVY Gilduin, KERNEIS Soazick, ROCCATI Marjolaine (dir.), Les chimères de l'alternativité ? Regards croisés sur les modes alternatifs de règlement des conflits (droit, histoire, anthropologie), Paris, Mare & Martin, pp. 165-186.